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Dix personnes sont jugées cette semaine à Paris pour le saccage de l’Arc de Triomphe survenu en marge d’une manifestation de « gilets jaunes » le 1er décembre 2018. Ces guignols n'arrivent même pas à assumer ; la honte ultime pour un mouvement qui se voyait gagner et qui a tout perdu.

Une nouvelle promesse d’Emmanuel Macron tenue

Le 2 décembre 2018 depuis l’Argentine, Emmanuel Macron avait promis que les coupables seraient « identifiés et tenus responsables de leurs actes devant la justice ». Ce jour-là, les images des dégradations et des pillages commis à l’intérieur et à l’extérieur de l’Arc de Triomphe en marge de l'« acte III » des « gilets jaunes » à Paris, font le tour des journaux télévisés. La classe politique, elle, exprime collectivement son « indignation ».

Au total, 412 personnes seront interpellées et 378 d’entre elles placées en garde à vue. Trois ans après, seules dix personnes comparaissent à partir de ce lundi pour « dégradations aggravées » et « vols par effraction ». Huit jeunes hommes et deux femmes à qui l’on reproche, notamment, de s’être introduits illégalement dans ce monument historique.

Des degrés de responsabilité divers

Ce lundi après-midi à l’ouverture du procès, sept des dix prévenus font face à la présidente de la 15e chambre, Sonia Lumbroso. Mains croisées devant eux ou dans leur dos, les prévenus écoutent la magistrate décrire, photos et vidéos à l’appui, les constatations réalisées par les enquêteurs à l’issue de la manifestation. « La boutique et le musée à l’intérieur de l’Arc ont été détruits, pillés. Plusieurs tableaux, sculptures et œuvres d’art ont été souillés », énumère-t-elle.

« Des inscriptions pas très polies à l’égard du Président de la République sont retrouvées sur un des piliers de l’Arc », poursuit-elle. À l’intérieur du monument, la magistrate évoque une « scène de désolation ». Le coût du saccage est alors évalué à un million d’euros. Si la présidente tient à dépeindre « l’ampleur des dégradations » commises, elle rappelle au tribunal que les dix prévenus ne sont « pas responsables de l’intégralité de ces destructions ». Une nuance importante au regard de la diversité des profils des prévenus qui comparaissent cette semaine et de leurs différents degrés d’implication.

"C’était l’anarchie totale"

Mehdi B. est le premier à s’avancer à la barre. D’emblée, il reconnaît s’être rendu place de l’Etoile pour manifester. « Pacifiquement », précise-t-il. Arrivé vers 16h sur les lieux, il décrit : « C’était l’anarchie totale, rien n’était organisé. Il y avait des groupes qui dégradaient, la police barrait les accès, y avait plus de possibilité de sortir de la place ». Dans un premier temps, il explique s’être posté sous l’Arc pour protéger la tombe du Soldat inconnu : « On savait ce que ça représentait, des gens voulaient la dégrader, on les repoussait ». Des gaz lacrymogènes sont ensuite lancés en direction de la foule postée à proximité du monument. Mehdi B., comme l’un des autres prévenus, assure s’être engouffré à l’intérieur de l’Arc pour fuir les gaz irritants : « C’était un instinct de survie ».

Comme lui, Valentin N., 23 ans au moment des faits, décrit un « mouvement de panique » : « Quand les lacrymo sont arrivés, on a suivi à l’intérieur (…) on est rentré pour se protéger ». À l’entrée pourtant, un préfabriqué est intégralement détruit et les dégradations sont largement visibles, rappelle Sonia Lumbroso. « Vous saviez que c’était interdit d’entrer dans le bâtiment » ?, interroge-t-elle. « Je l’avais pas remarqué », assure Valentin N. « Je voyais bien que tout était dégradé, mais je savais pas que c’était interdit », se défend Mehdi B. Pour cette intrusion, ce dernier encourt une simple amende. Valentin N., lui, fait face à une peine de dix ans d’emprisonnement. En cause, quatre cartes postales volées dans la boutique de souvenirs à l’intérieur de l’Arc. « J’étais dans le feu de l’action », plaide-t-il. « Le jour où le feu de l’action comparaîtra devant un tribunal, on aura beaucoup de choses à lui reprocher », cingle la présidente.

"J’étais perdu dans ma tête"

Melvyn A., lui, ne s’est pas contenté de quelques cartes postales. Sur des images diffusées par BFMTV, on l’aperçoit asséner plusieurs coups sur une porte du monument à l’aide d’un extincteur. Un de ses amis, mineur à l’époque des faits et qui sera jugé ultérieurement, participe à coups de pied. À l’époque, Melvyn A. ne sait rien du mouvement des «gilets jaunes», indique son avocate : « Quand on vous a demandé ce qu’étaient les "gilets jaunes", vous avez dit : "Ma mère elle a même pas de voiture, c’est une histoire de carburant" ». Informé des débordements en cours sur les Champs-Elysées via le réseau social Snapchat, il décide tout de même de se rendre sur place. « Pour voir ce qu’il se passait », balbutie-t-il à la barre. Comme Mehdi B. et Valentin N., il évoque l’effet de groupe : « Tout le monde faisait n’importe quoi, j’ai été entraîné ». La voix mal assurée, il ajoute « J’étais perdu dans ma tête (…) c’était l’anarchie, c’était trop dingue ».

"Ça été un choc"

Une réponse qui ne convainc pas la présidente de la 15e chambre : « Ça aurait pu vous faire peur, vous auriez pu partir ? Mais non vous vous dites : "C’est horrible, on va participer avec eux !" ». Lycéen en classe de terminale au casier judiciaire vierge et âgé de 18 ans lors de son interpellation, il a été placé en détention provisoire dans le cadre de la procédure. « C’était très très dur, ça a été un choc », raconte-t-il, ajoutant que les deux mois passés en détention lui ont laissé le « temps de réfléchir ». Sur le banc de la partie civile, l’avocate de l’association Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique (Happah) demande : « La Marseillaise défoncée, le buste de Napoléon décapité, ça vous inspire quoi ? ». « Du dégoût, je regrette ce que j’ai fait », finit par lâcher le jeune homme.

 

L’audience doit se poursuivre jusqu’au 26 mars.

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