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L'ensemble des personnes « issues de l'immigration » vivant en France ne constituent pas une petite minorité. 

En 2010, on estime que l'ensemble des étrangers, des immigrés et de leurs descendants résidant en France totalisent environ 11,7 millions de personnes, soit près d'un cinquième de la population (voir la source). Ils forment donc une composante très importante de la population, ce qui est un fait ancien en France, pays dont le développement industriel s'est fait depuis le 19ème siècle grâce à l'immigration (italienne, belge, polonaise, portugaise, maghrébine, africaine sub-saharienne, etc.).

Le nombre de jeunes pratiquant régulièrement la délinquance constitue au contraire une petite minorité. 

Donnons quelques ordres de grandeur en prenant pour point de repère le nombre total de mineurs et de jeunes majeurs suivis au titre de la délinquance au cours d'une année par la Protection Judiciaire de la Jeunesse et par le secteur associatif habilité : environ 170 000 jeunes en 2010 (voir la source ici). Et admettons pour simple raisonnement que la moitié de cette population sont des jeunes « descendants d'immigrés » (cela peut être davantage dans les agglomérations des régions industrielles, mais moins d'autres territoires). Cela ferait donc 85 000 jeunes.

Ce calcul n'est qu'une approximation. Le but est de montrer l'écart existant entre d'une côté quelques dizaines de milliers de personnes et de l'autre côté plusieursmillions. Ainsi, chez les immigrés et leurs enfants, comme dans le reste de la population, la délinquance ne concerne qu'une petite part de personnes ou de familles. C'est une évidence à l'échelle nationale mais c'est également vrai à l'échelle locale. 

Dans n'importe quelle ville de France, les jeunes engagés dans la délinquance sont une minorité, même à l'échelle de leur quartier et même à l'échelle d'un quartier « sensible » à très mauvaise réputation. A contrario, il est dès lors évident 

- que les immigrés et leurs enfants sont très majoritairement des personnes respectant la loi, 


- que la délinquance de certains jeunes descendants d'immigrés récents s'explique par d'autres facteurs que cette origine. Les études montrent ainsi que cette délinquance s'explique en réalité par les mêmes facteurs que ceux qui ont toujours expliqué la délinquance des jeunes quelle que soit leur origine : ruptures familiales, échecs scolaires, effets d'entraînement dans des « bandes » au sein de quartiers concentrant les problèmes...

Donc, si délinquance = immigration ; il n’y aurait que peux de crimes et de délits en France

Au final, en toute logique, si la délinquance avait quelque chose à voir avec la condition de migrant ou de descendant de migrant en général, elle devrait concerner peu ou prou toutes ces populations. 

Si ceux qui soutiennent ces hypothèses n'avaient pas des peurs non maîtrisées ou des préjugés idéologiques, ils comprendraient qu'on ne peut pas expliquer le comportement particulier de quelques uns par une caractéristique générale de toute une population (ils comprendraient peut-être même que procéder à cette généralisation est justement le propre du raisonnement raciste).

Voilà pourquoi toutes ces affirmations ou ces allusions sur le lien supposé fondamental entre délinquance et immigration sont fausses à la base. Si nous étions logiques et raisonnables, elles seraient d'emblée écartées comme constituant de grossières erreurs de raisonnement. C'est qu'il s'agit en réalité non pas de raisonnements mais de peurs et d'émotions manipulées par certains à des fins politiques.

Un bouquin à lire d’urgence : “l’invention de la violence” par Laurent Mucchielli

À en croire le discours ambiant, nous vivons dans une société très violente. Instrumentalisée à coups de statistiques douteuses par les discours politiques, entretenue en permanence par le traitement médiatique des faits divers, l’émotion emporte tout sur son passage. De l’insulte au meurtre, tout est appelé « violence ». Chacun y va de sa solution et de son bouc émissaire (les étrangers ! les jeunes ! les malades mentaux !). Le sentiment d’insécurité grandit et, obnubilés par la peur, nous sommes séduits par le vieux refrain du « c’était mieux avant ».

Laurent Mucchielli pose sur ces questions un diagnostic scientifique, objectif et impartial. Il révèle que cette fameuse « explosion de la violence » est un mythe produit par une société amnésique. Quels sont les actes délinquants les plus fréquents en France aujourd’hui ? Qui en sont les victimes, les coupables ? Et si notre société est globalement moins violente qu’autrefois, d’où vient ce sentiment envahissant d’insécurité et d’impuissance face à la délinquance ? 

Le sociologue montre ce que ces actes et ces sentiments révèlent de l’état de notre société – l’évolution des valeurs, les inégalités croissantes de richesse, les façons d’habiter villes et villages, les drames familiaux, l’ampleur du chômage, la ghettoïsation de certains quartiers – et ce qu’ils disent finalement de notre « vivre ensemble »

Avec clarté et brio, Laurent Mucchielli met à la portée de tous une synthèse magistrale des connaissances scientifiques disponibles sur ces questions de société essentielles.

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