De Manou Bouzid, notre correspondante en Tunisie.

Mercredi soir, l’armée égyptienne destitue le président Morsi et suspend provisoirement la constitution. Elle nomme selon la constitution le Président de la Haute Cour Constitutionnelle en tant que président provisoire.

Il est nommé non pas par intérim, mais provisoirement. Cela nous rappelle le nôtre... Ceci n’est pas à la hauteur du courage des égyptiens, car cela écarte tous les frères musulmans du pouvoir.

Aucun officiel n’ose nommer cette rébellion

Dans le monde, un silence de mort s’installe dans les plus hautes instances. Il leur aura fallu 24 heures pour digérer le chichekébab bien épicé servi par les égyptiens.

Les médias commencent à parler de coup d’état militaire, mais les dirigeants occidentaux restent sur leur réserve. Ce n'est pas le moment de commettre un impair, d’autant plus que les militaires ont annoncé d’emblée que des élections anticipées auraient lieu.

Les langues finissent par se délier peu à peu

Toujours timidement du côté des officiels, aucun n’osent fustiger directement l’armée ainsi que son chef d’état major, le Général Fatah al Sissi.

Normal, n’oublions pas que notre Président PROVISOIRE (il déteste ce mot, contrairement à nous qui l'adorons ), s’est empressé dès les prémisses de rébellion en Syrie, de renvoyer préventivement l'ambassadeur syrien. Il comptait bien évidemment sur une défaite imminente de Bachar el Assad, mais pour nous cela n’a rien d’étonnant. Marzouki a fait son Marzouki, et nous prions pour qu’il ne renvoie pas l’ambassadeur d’Egypte. Il en serait capable et pourrait même vider tout Tunis de ses ambassadeurs. C'est le seul pouvoir que lui a laissé son allié contre-nature Nahda !

L'appel à un Jihad

Incapable de tenir ses troupes, le fils de son premier ministre appelle aujourd’hui pour un Jihad en Egypte. Alors que les frères musulmans ont annoncé qu’ils renonçaient à la violence, Marzouki, plus royaliste que le roi celui là, continue à s’imaginer qu’il est un président élu par le peuple. En réalité, il a été nommé par Nahda en échange de son soutien et surtout du soutien des députés de son parti qui a permis aux islamistes d’avoir la majorité à l’Assemblée Nationale Constituante.

Marzouki est provisoire et c’est un provisoire qui a dépassé sa dead line, et bientôt il va se retrouver game over, dans toute la légalité du monde et en toute légitimité.

Timidement les occidentaux commencent à marmonner quelques mots

Pour François Hollande c’est un échec de la démocratie, pour le premier ministre anglais c’est une intervention militaire. Pour les américains, et bien les américains se disent inquiets de la suite mais ne mettent aucun nom sur cet évènement historique.

Coup d’état militaire, rébellion populaire assistée par l’armée, quel que soit la façon dont on voit les choses, en fin de compte c’est la voix du peuple qui a parlé.

Un appel à la démocratie du peuple égyptien

Mercredi soir ils étaient 33 millions dans la rue sur une population de 90 millions, soit plus de 30% de la population égyptienne. Si ce n’est pas la voix du peuple qu’est ce que c’est ?

Les égyptiens on fait une révolution pour leur liberté, leur dignité et le travail.

Morsi a commencé par renforcer ses pouvoirs et il a voulu changer la face de la société égyptienne.

Même les célèbres danseuses du ventre qui font partie intégrante des entités du pays de Cléopâtre, ont été interdites de diffusion sur les chaines de télévisions.

Les causes de la révolution égyptienne

Depuis les élections, la monnaie égyptienne n’a cessé de se dévaluer, les touristes, ainsi que les investisseurs, fuient le pays. La violence, l’insécurité, les viols répétés et impunis, l’augmentation du chômage, l’islamisation du pays soutenu par des chaines de télévision de propagande wahhabite, ont fini par sceller le sort de Morsi, de son gouvernement et de son parti.

Le peuple s’est révolté avant que le pays ne sombre totalement et se retrouve dans une situation inextricable.

« Quand un peuple ne défend pas ses libertés ni ses droits, il est mûr pour l'esclavage... »

Voilà pourquoi nous les tunisiens nous pensons que c’est une révolution et non un coup d’état.

Rien ne sert de faire la politique de l'autruche

Au cours de la conférence de presse de François Hollande et de Marzouki, un journaliste a posé la question : "Est-ce que le scénario égyptien peut se reproduire en Tunisie ?"

Evidemment Marzouki nous a encore fait du grand Marzouki!

"Non. Les tunisiens ne sont pas comme les égyptiens, ils sont unis.", a-t-il répondu ! Il se fout du monde ou il se fout du monde ?

La théorie des dominos

Tout comme les égyptiens, les tunisiens ont été leurré. Tout comme en Égypte, les touristes et les investisseurs ont fui la Tunisie, augmentant ainsi le chômage et la promiscuité. Tout comme en Egypte, Nahda, au lieu de s’occuper des problèmes du pays, s’attelle à son islamisation et possède sa milice pour les basses besognes, les fameuses ligues de protection de la révolution.

Et pire qu’en Egypte, le peuple a voté pour des laïcs pseudo démocrates qui se sont empressés de donner leurs voix aux islamistes contre un fauteuil. De plus, le gouvernement et l’Assemblée Nationale Constituante ont dépassé la période qui leur était donnée. Ils ont été élu pour un an, ils sont là depuis deux ans, ils n’ont plus aucune légitimité.

Alors,quand Marzouki sort ses habits du dimanche et ose affirmer devant le président français que le scénario égyptien ne peut arriver en Tunisie, ce n’est pas François Hollande qu’il cherche à rassurer, ni ses « souteneurs », mais lui et seulement lui. Tout comme les chômeurs désespérés, il serait même capable de s’immoler le jour où il ne sera plus président.

La seule différence avec l’Egypte, c’est que les tunisiens ne comptent pas sur l’armée pour leur donner un coup de main. Ils savent que l’armée n’ira certainement pas contre le peuple, mais elle ne l’aidera pas. Et encore, ce n’est pas sûre, c’est une équation à une inconnue, le rôle que tiendra l’armée tunisienne.

En route vers la révolution

La non tenue des engagements de l’Assemblée Nationale Constituante et du gouvernement, le délai pour écrire la constitution et pour l'organisation des élections législatives et présidentielles qui est largement dépassé, la légitimité n’est plus de mise, et le peuple a le droit et le devoir de demander leur destitution.

Égypte : coup d’état militaire ou révolution populaire ?
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