Citoyens ! Entendez-vous dans nos campagnes mugir ces féroces soldats ?

Non ? Pourtant ils sont là, se font entendre. Partout. Dans les bistrots, sur les réseaux sociaux, autour des machines à café des entreprises, à la maison autour du pastis, relayés par les radios et les télés à l'affût. Et que mugissent-ils ?

«Trop d'impôts ! Ras le bol d'être taxés ! On nous prend pour des vaches à lait ! »

Ça a moins de gueule que les paroles de Rouget de Lisle, mais braillé le poing en l'air ça peut faire illusion. Et si un ami passe par là et ajoute « Ouais. On lâche rien ! », c'est parfait on tient le slogan du bon révolutionnaire de salon.

Certains y ajoutent le célèbre « No pasaran » des résistants anti-fascistes espagnols de 1936, mêlant sans honte leurs colères poujadistes de petits contribuables grassouillets à la révolte politique de guerriers assiégés par les soldats franquistes.

Chacun a les combats qu'ils méritent.

La France d'aujourd'hui, en petit homme replet et aigri, se bat contre ces impôts qui l'assaille, la détruise. 50% des ménages français ne payent pas d'impôt sur le revenu mais ils sont pourtant 61% à gueuler parce qu'ils assurent en avoir payé plus cette année.

C'est fort, non ? Mais c'est véridique*. Le gars qui paye 0 €, tu lui dis qu'il va en payer deux fois plus, il hurle à l'injustice, appelle à l'émeute, se coiffe de son bonnet rouge, s'enfile deux verres de la même couleur et part au front ! Si sa femme n'était pas là pour le rattraper par la manche on serait déjà dans l'émeute.

À ce petit homme j'ai envie de dire : « Mais vas-y ! Fais ta révolution ! N'attend pas qu'on te prenne par la main et brandis bien haut ta pancarte ! »

Moi je te regarderai défiler, sans doute un peu goguenard, mais aussi bien triste d'observer que sous ce même étendard s'alignent les plus modestes et les plus riches. Et puis dans la soirée me viendraient alors en mémoire ces mots : ¡Han pasado!

*Sondage IFOP pour « Sud Ouest Dimanche »...

Râlons enfants de la patrie !
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