Alors que le Vatican bloque toujours la nomination au Saint-Siège de l'ambassadeur français Laurent Stefanini, dont l'homosexualité est connue, la France campe sur ses positions et soutient son diplomate.

La Curie estime que le problème ne vient pas tant de l'orientation sexuelle de Laurent Stefanini que de son soutien public au mariage homosexuel, adopté en France en 2013 malgré la ferme opposition de l'Église catholique.

Le Vatican n’est pas encore prêt à passer outre certaines de ses convictions

Malgré l’ouverture d’esprit du pape François, le Vatican n’est pas encore prêt à passer outre certaines de ses convictions. Depuis trois mois, la Curie fait traîner en longueur la nomination de l’ambassadeur français Laurent Stefanini au Saint-Siège, en raison de son homosexualité.

Un bras de faire feutré est engagé entre Paris et le Vatican. Laurent Stefanini, 55 ans, est un diplomate chevronné, qui de surcroît n’est pas inconnu du Saint-Siège. "Catholique pratiquant, très cultivé, d'une discrétion absolue", selon le quotidien Il Messaggero, Laurent Stefanini, était très apprécié à la Curie lorsqu'il était numéro deux de l'ambassade de France au Vatican, entre 2001 et 2005.

Depuis, il a été conseiller au ministère français des Affaires étrangères pour les questions religieuses, avant de devenir en 2010 chef du protocole à l'Elysée, sous Nicolas Sarkozy puis François Hollande. Sa nomination début janvier comme ambassadeur au Vatican a donc paru naturelle.

Selon le blog spécialisé "Vatican Insider" du quotidien "La Stampa", des sources au sein de la Curie estiment que le problème ne vient pas tant de l'orientation sexuelle de Laurent Stefanini que de son soutien public au mariage homosexuel, adopté en France en 2013 malgré la ferme opposition de l'Église catholique.

"La position de la France ne change pas"

La situation n’est toutefois pas inédite. En 2007, la France avait déjà nommé un ambassadeur homosexuel au Vatican. A l'époque, la demande d'agrément n'avait pas reçu de réponse et Paris avait finalement proposé un autre nom. Mais ce premier diplomate était pacsé, alors que M. Stefanini est célibataire et extrêmement discret sur sa vie privée.

Cette fois Paris ne semble pas avoir l’intention de fléchir. "La France a fait un choix d'avoir un ambassadeur auprès du Vatican. Ce choix s'est porté sur M. Stefanini et cela reste la proposition de la France", a déclaré Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, après le compte-rendu du conseil des ministres. La France reste donc sur sa proposition.

"Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?"

"Il y a des négociations. Chaque ambassadeur doit être agréé partout où nous en nommons [...] nous attendons la réponse du Vatican. Mais la position de la France ne change pas, on a proposé M. Stefanini pour être ambassadeur auprès du Vatican", a insisté le ministre proche du chef de l'État.

Le souverain pontife argentin s'est distingué depuis son élection il y a deux ans par des déclarations plutôt ouvertes à l'encontre des homosexuels. "Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?", avait-il assuré à la presse dans l'avion le ramenant du Brésil en juillet 2013.

 

La France maintient le choix de son ambassadeur au Vatican
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