Pas simple pour Hollande. Lui qui n’est en rien un idéologue, lui qui ne prône pas les réactions d’instincts à chaque toutou écrasé, lui qui suit son programme en l’adaptant intelligemment selon les évolutions d’une situation que les États ont du mal à maîtriser, seuls ; le voici, depuis un an, obligé de se garder, à sa droite et à sa gauche, contre les attaques de celles et ceux qui veulent “plus” et des autres qui veulent “moins”.

Paradoxe ultime ; si l’on s’en tenait à ce qu’aimeraient mettre en place certains, sur sa gauche, on arriverait à un blocage complet des décisions ; puisque donner la parole au peuple - par référendum ou vote de mi-mandat - amènerait bien plus de réactions instinctives, de décisions données sur l’instant, qu’une ligne de gouvernement qui tient compte de son résultat dans la durée.

L’important, c’est la prose

On a vraiment l’impression que l’important, c’est la prose. Que les mots des attaques ont plus de poids que la réalité d’une action politique. On sent venir la fraîche mais, pourtant, nauséabonde brise des mots qui se choquent pour, ensuite, tels des atomes, partent dans toutes les directions.

Les citoyennes et les citoyens qui gueulent, l’ouvrent, fustigent, n’ont, pour la plupart, jamais retiré le début d’une phalange de doigts de leurs culs roses pour la collectivité, mais alors ; qu’est-ce qu’ils l’ouvrent dès que l’un de leur frère - humain avant tout - commet une erreur ! Eux qui n’en commettront que peu, dans l’action politique, sociale, associative, puisque complètement étrangers à l’acte gratuit, vers les autres.

Oui, pour nos gueulards ; l’important, c’est la prose. Et rien d’autre. Ils ne connaissent le mot “démocratie” que comme un argument et certainement pas une philosophie, un engagement, voir un rêve. Leurs limites de la démocratie ? Et bien la méconnaissance de tout, sauf du marketing, sauf du buz, sauf des coups de gueule de comptoir, dignes d’un ostracisme anti-tout, et surtout de celui de l’intelligence.

La démocratie c’est quoi, déjà ?

Le plus simple est de reprendre sa définition. Regardons donc comment la développe l’Encyclopédie Larousse du XXe siècle : « La démocratie consiste dans l’exercice, soit direct, soit indirect, du pouvoir par le peuple. Cette organisation politique implique un état social caractérisé par le fait que tous sont égaux devant la loi, que tous possèdent les mêmes droits.

Les fonctions sont accessibles à tous, (...) les citoyens devant être appelés à la vie intellectuelle et morale, et de plus en plus mis en état d’exercer, d’une façon efficace et raisonnée, la part de pouvoir qui leur est attribuée, l’Etat démocratique a l’obligation d’instituer des œuvres d’instruction et d’éducation, et des œuvres de solidarité. Le régime démocratique a pour instrument le suffrage universel et pour cadre plus particulièrement approprié la forme républicaine ».

La démocratie n’est pas un sens unique ; les citoyens sont aussi responsables de leurs choix

Intéressant, non : “... les citoyens devant être appelés à la vie intellectuelle et morale, et de plus en plus mis en état d’exercer, d’une façon efficace et raisonnée, la part de pouvoir qui leur est attribuée...” et, pour cela ; “ l’Etat démocratique a l’obligation d’instituer des œuvres d’instruction et d’éducation, et des œuvres de solidarité...” ainsi, la démocratie n’est pas seulement et exclusivement le fait de pouvoir élire ses représentants, d’une manière directe ou indirecte ; c’est, pour toute citoyenne et pour tout citoyen, se mettre en situation d’en avoir la - les - capacité.

Depuis le temps que l’écrit Le Kiosque aux Canards... L’élitisme républicain existe ; cela se nomme l’éducation. Et sans éducation, sans connaissance, sans se bouger le fion pour chercher la substantifique moelle à un discours politique ; on ne pratique plus la démocratie. Mais un simple ersatz. Et les politiques le savent bien ; il est tellement facile de gérer un peuple qui ne prend pas la peine de s’éduquer. Par contre, gueuler et l’ouvrir ; tout le monde sait le faire.

Et la “république” ?

Même si notre histoire les mots “démocratie” et “république” sont devenus, quasiment, des synonymes - partiellement à cause de “l’État français” que Philippe Pétain mis en place, pensant que la démocratie était mère de “tous les maux” de l’État - ; d’ailleurs, à tel point que depuis cette période, nous avons l’impression de faire un oxymore lorsque l’on parle de “république populaire” et que le premier terme désigne un régime totalitaire.

Le terme de “république” me parait bien plus important que “démocratie” ; si, Dans Du contrat social, Jean-Jacques Rousseau la définit comme « tout État régi par des lois, sous quelque forme d'administration que ce puisse être ; car alors seulement l'intérêt public gouverne, et la chose publique est quelque chose. Tout gouvernement légitime est républicain. Et la légitimité est la base !

République prend alors le sens de communauté d'esprit ou d'idée, dans le sens d'une recherche du bien commun dans un domaine donné, quelque soit le régime ; il ne deviendra synonyme de “démocratie” que bien plus tard ; n’oublions pas qu’n 1804, Napoléon Bonaparte se considère - encore - comme “Empereur de la République française”.

C’est cette communauté d’idée que nous sommes en train de perdre ; un énorme “trou de mémoire” dû à cette propension d’inculture crasse de plus en plus présente au sein de notre groupe, de notre État, de notre pays, où on trouve encore des candidats aux cantonales pondre des tracs “contre les minarets”, alors qu’un bref cours d’éducation civique montrerait que les conseillers généraux n’ont rien à voir avec ce type de décisions.

Alors, avant de parler “VI république”, si on révisait “La” république, tout simplement ?

L’extrême droite et l’extrême gauche dans le même panier du “des voix à tout prix”

“Des paroles, des paroles, des paroles”... Pourrait être le gimmick de ralliement des deux extrêmes. On cause, on parle, on discute ; mais on agit jamais. Dans le cadre de l’extrême-droite, il suffit de voir dans quel état les élus FN ont rendu les villes où ils eurent un premier magistrat pour comprendre, s’il fallait des preuves, de l’incompétence de ces derniers. Dans le cas de l’extrême-gauche ; les références à des régimes aussi démocrate que Louis XIV parlent d’eux-mêmes. Un politique qui valide le régime cubain , le régime vénézuélien - plaque tournante du trafic de drogue européen - peut se targuer d’une démocratie aussi étrange que décalée. Mais, sans doute, celles et ceux qui le suivent ont du fréquenter les geôles cubaines, remplies d’opposants politiques. Démocratie à toutes les sauces, on vous dit...

Alors, on a un déchaînement de vertus durant les élections. Tout cela barre dans tous les sens, de tous les côtés, jusqu’à une sorte de feu d’artifice médiatique ; d’un côté on se paye un jeune journaliste stagiaire pour faire bander son électorat à moindre coût et à moindre danger ; de l’autre, on fustige tout azimut, quitte à sortir des conneries grosses comme le président d’honneur du FN, la beaufitude incarnée. Par exemple ; les aides sociales plus importantes qu’auraient les étrangers face aux “français de souche”. Et, fort de leurs certitudes ; les deux se parent de l’étiquette “démocrate”.

Pourquoi ? Seulement parce qu’ils passent par le système électif ? Dans ce cas ; revoir la définition de “démocratie”... Les limites de la démocratie ; la méconnaissance. Parce que l'on ne peut se targuer d'un choix si l'on ne connaît pas la réalité des axiomes qui le composent.

L’a démocratie à toutes les sauces a encore de jolis jours devant lui ; avec sa copine : la douce sodomie de coléoptère.

La démocratie à toutes les sauces
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