L’inauguration de la salle de Carthage au musée du Bardo à Tunis le 4 juillet,en marge de la visite de François Hollande en Tunisie, est la première concrétisation de l’accord quinquennal de coopération scientifique conclu en novembre 2009 entre le musée du Louvre à Paris , l’Institut national du patrimoine de Tunisie et le musée du Bardo.

Une convention et un partenariat débutés en 2009

 

Cette convention consiste en une formation de jeunes conservateurs tunisiens dans les différents domaines du patrimoine ainsi que de jeunes français en textile ou en mosaïque dans des chantiers-écoles encadrés par des enseignants. Il faut savoir que cette convention a abouti suite à la visite d’une importante délégation du ministère tunisien de la Culture en 2012 à Paris. En présence des ministres tunisiens de la Culture et du Tourisme, Mehdi Mabrouk et Jamel Gamra, Sylvia Pinel, ministre française de l'artisanat, du commerce et du tourisme, Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre, s’est félicité de l’aboutissement de ce partenariat qu’il a mis en oeuvre quand il était directeur du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines de l’institution parisienne. Un accord ambitieux pour sensibiliser aux problématiques de préservation et de valorisation de leur patrimoine.

Fidèle à sa vocation universelle, le musée du Louvre s’attache par ce partenariat à renforcer son action en faveur de la circulation des œuvres, des compétences et des savoirs.

Le poids du secteur est estimé à près de 100.000 emplois et 15 milliards d'euros de retombées touristiques. "Le tourisme constitue le premier point d'accès à la culture puisqu'il génère plus de 60% de la fréquentation des musées", dit-elle.

Une inauguration en marge du voyage officiel du Président de la République

Sylvia Pinel a mis en exergue la richesse et le passé culturel et historique de la Tunisie et invité les partenaires tunisiens, à l'instar de l'agence de mise en valeur de protection du patrimoine, à continuer à s'ouvrir sur l'extérieur, et vers les Tunisiens, qui "n'ont peut-être pas tous pleinement conscience de l'histoire dont ils sont héritiers, mais également en direction des touristes de l'étranger au travers de programmes touristiques dédiés à ce legs exceptionnel, pour les générations à venir."

Cette inauguration s'inscrivait dans le cadre la visite d'Etat de deux jours que le président français, François Hollande, a effectué à Tunis jeudi dernier avec une délégation composée de dix de ses ministres. 

Le travail sur le statuaire de Danièle Braunstein

Un bilan sanitaire de la collection lapidaire du musée du Bardo a été établi par Danièle Braunstein, restauratrice et experte en statuaire au Louvre. 35 sculptures et 23 portraits ont été restaurés. Des recommandations sur la manutention, la conservation et un protocole de restauration des sculptures de la salle de Carthage ont ainsi été formulés. À côté de cette coopération scientifique, le partenariat a aussi mis l’accent sur la formation aux métiers de la pierre. L’Institut français de Tunis a pris en charge les frais de stage au musée du Bardo de huit étudiants de l’école des beaux-arts de Tunis et de Nabeul, dont quatre ont aujourd’hui rejoint l’équipe de l’institution.

Après cette phase d’étude, les efforts des différents partenaires se sont concentrés sur la restauration des sculptures devant être exposées dans la Salle de Carthage et pour lesquelles le bilan sanitaire et le récolement étaient complets.

La formation des restaurateurs s’est déroulée autour de trois grands axes :

  • La manutention et le déplacement des sculptures, indispensables à la bonne connaissance du métier de restaurateur ;
  • La restauration des œuvres : tout d’abord une phase «d’apprentissage» du regard, puis la rédaction du constat d’état, le nettoyage des sculptures (méthodes douces à base d’eau et de pulpe de papier), le désoclage, qui a consisté à ôter les sculptures de leurs anciens socles de bois, opération délicate en raison de l’oxydation des goujons de fixation parfois longs de 90 cm pour certains, étaient oxydés ;
  • La muséographie : conception et réalisation des montages des sculptures, fabrication de nouveaux socles en marbre, installation des œuvres dans la salle de Carthage, selon la proposition scientifique initiale de Jean-Luc Martinez et de Taher Ghalia, puis de son successeur, Soumaya Gharsallah.

Les travaux de la rénovation et d’extension ont commencé au printemps 2009 et achevés au printemps 2012. Les extensions, d’environ 9000 m2 , ont doublé la surface du musée et ont permis de le doter des équipements qui faisaient défaut.

Un musée centenaire et moderne

La Salle de Carthage occupe le “Grand Patio” du Palais du Bardo, construit par Mohamed Bey puis son frère Sadok Bey. Son niveau inférieur abritait depuis 1913 une collection de sculptures provenant de Carthage.

Les nouveaux circuits de visite obéissent à des critères chronologiques et thématiques régis par une scénographie moderne adaptée aux collections et aux publics, comprenant un parcours du Palais réhabilité. La visite du nouveau musée du Bardo permettra aux visiteurs du lointain de découvrir à travers les nouveaux départements, d’entreprendre un voyage dans le temps à travers les œuvres magnifiques des mosaïstes, sculpteurs, enlumineurs, calligraphes ,auteurs le plus souvent anonymes des pièces maîtresses offertes aux regards curieux puis émerveillés des millions de visiteurs attendus dans ce véritable labyrinthe, clair et envoûtant.

Le musée du Bardo est le plus ancien et le plus important des musées tunisiens. Il a été aménagé, voilà plus d’un siècle, dans l’enceinte d’un palais beylical, érigé dans sa plus grande partie vers le milieu du XIXe siècle et qui porte toujours le faste d’une résidence princière. Partiellement réaménagé à plusieurs reprises pour s’adapter à l’agrandissement des collections et à l’accroissement du flux des visiteurs, il fait actuellement l’objet d’un vaste plan de restructuration pour en améliorer la visibilité et le parcours.

Des milliers d’objets provenant de fouilles effectuées à travers le pays au cours des XIXe et XXe siècles y sont exposés. Ces objets, regroupés par départements et répartis dans une cinquantaine de salles et de galeries, reflètent les diverses étapes traversées par la Tunisie, depuis la préhistoire jusqu’au milieu du siècle dernier. Ce sont, par ordre chronologique : la préhistoire, la période punico libyque, les périodes romaine et paléochrétienne, avec les séquences vandale et byzantine et, enfin, la période islamique qui court jusqu’à l’époque contemporaine.

Le musée du Bardo s’est taillé une réputation mondiale grâce à sa collection de mosaïques, considérée comme la plus riche, la plus variée et la plus raffinée et qui trouve parmi ses plus belles illustrations les tableaux représentant Virgile entouré de muses, ou le pavement représentant Dionysos faisant le don de la vigne à Ikarios, ou cet autre célébrant le triomphe de Neptune, pour ne citer que quelques-unes des pièces maîtresses.

Le Louvre apporte son soutien au musée du Bardo, à Tunis
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