Un nouveau billet d'humeur de Manou Bouzid, notre correspondante en Tunisie.

Ali Larayedh 1er sinistre de la Tunisie : cachez ce sein que je ne saurais voir.

C’est en quelques sortes ce qu’aurait pu déclarer notre premier sinistre hier matin, alors qu’il devait être reçu par Angela Merkel, et que devant la chancellerie, trois femen étaient venues protester pour réclamer la libération de leurs consœurs incarcérée en Tunisie.

Jamais dans l’histoire mammaire, les seins n’ont eu autant de presse.

Amina ; les tunisiens doivent ils être secoués ?

Une lutte contre la “morale” partisane et surtout... Masculine

Une femen tunisienne a donné beaucoup plus d’ampleur et de presse à ce mouvement que toutes les actions en topless qu’elles ont entreprit jusque là.

Mais ne pas se fier aux apparences, en Tunisie, cette presse n’est pas dut à la blancheur virginale de ces mamelons offerts aux yeux de tous, bien que beaucoup voudrait le faire croire, si ce mouvement fait autant de bruit, c’est surtout parce qu’il dérange les consciences, en l’occurrence la conscience de certains tunisiens qui voudraient s’ériger en porte drapeau de la morale.

Oui Amina dérange, non pas à cause de ses seins, mais parce qu’elle a eu un courage insoupçonnable pour une jeune fille de cette âge.

Elle a osé braver, toutes les morales, tous les interdits, et surtout du haut de ses 19 ans elle est allé affronter seule les salafistes à Kairouan, alors que la plupart des tunisiens sont restés terrés chez eux !

Un raz de marrée qui n’a pas eu lieu

Après son arrestation, nous nous attendions à raz de marrée de l’opposition pour exiger sa libération. Rien, que dalle, de nada ; les tunisiens ont ils besoin d’être secoués ?

Ici l’opposition, ce sont les démocrates. Et le propre des démocrates c’est « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrais jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire », citation faussement attribuée à Voltaire mais qui vient, en fait, de sa biographe britannique...

Nos démocrates ont oublié cette règle d’or, pour eux ce serait plutôt « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrais jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire d’une manière qui ne puisse pas heurter notre sensibilité maladive exacerbé par nos origines arabo musulmanes ».

Amina n’a pas été arrêté, au début...

Il faut comprendre que dans un premier temps Amina n’a pas été arrêté.

La police présente sur place l’a emmené pour sa protection car des barbus l’avaient reconnue et sans l’intervention des forces de l’ordre, elle aurait été certainement lynchée.

Amina est jeune mais pas téméraire, elle s’est rendue à Kairouan accompagnée d’une équipe de journaliste et elle n’y est pas allé les seins nus et ne comptait pas se dénuder les seins ; elle est courageuse, militante, mais certainement pas suicidaire.

L’ordre de mettre Amina en garde-à-vue est venue beaucoup plus tard, après que certaines personnes aient appris sa présence dans les locaux de la police ; une manne offerte par la main d’un ange à ses bourreaux.

Des soutiens venus d’ailleurs

Bien sur un comité de défense pour Amina s’est crée, mais il est insignifiant par rapport au pourcentage de la population qui se dit “progressiste”. Et comme les sœurs de cœur ne se lâchent jamais, c’est Joséphine, Marguerite et Pauline, deux française et une allemande, qui sont venues prêter main forte au comité de soutien de notre Femen nationale, réunis devant le tribunal.

Bien sur, les seins dénudés ont très vite interpelés ; l’une d’elle recevant même une gifle de la part d’une voilée qui a vu des seins bien blancs et bien droits alors que les siens ne sont fait que pour nourrir la marmaille, et tout cela sous les yeux d’un agent médusé ne sachant plus laquelle il devait arrêter : la poitrine dénudée ou Belphégor le fantôme de l’Opéra !

Un État de droit dans tes rêves

Dans un État de droit, ces demoiselles réellement en détresses, auraient reçus une amende puis auraient été libérées voire expulsées. Mais nous sommes au sein de l’appareil judiciaire nadahouiste ; donc, on ne parle plus de droit mais de tactiques, de conspirations et de moyens pour focaliser la population sur un sujet qui les éloigne de la politique proprement dite.

N’oublions pas que le jugement rendue en faveur des attaquants de l’ambassade américaine s’est soldé par des sursis. Il est donc “normal” de penser qu’Amina avec ses deux mamelons et sa petite bombe lacrymo est beaucoup plus dangereuse que les assaillants de cette ambassade, armés de bâtons, de gourdins, d’armes blanches et qui n’ont pas hésité à piller et àincendier l’école américaine.

Une justice tunisienne à une seule vitesse

Ce n’est plus une justice à deux vitesses ; c’est une justice à une seule vitesse faite pour les autres, comprenez les non islamistes, qui sont, malgré ce que peuvent penser certains, des musulmans.

Notre 1er sinistre était dans le gouvernement précédent “sinistre de l’intérieur” où il a brillé par son incompétence, ou plutôt par son non objectivité des faits.

C’est sous son Ministère que les barbus se sont sentis pousser des ailes car sa bienveillance à leur égard leur a laissé penser qu’ils avaient tous les droits au nom de la religion et de la morale. Et puisque qu’aucun comité de soutien pour ces jeunes prisonnières, abandonnées à leur sort par leur propre pays, n’attendait le 1er sinistre devant la chancellerie ; il était normal que les Femen y aillent elles-mêmes.

Une Europe soudainement aphone

Mais le plus étrange, c’est que les européens libérés de cette morale archaïque qui empoisonnent nos sociétés, ne se soit pas indignés de l’arrestation arbitraire de leurs compatriotes.

Ils s’en foutent, en fait ! Pas de protestations, ni du peuple, ni des officiels hormis Elisabeth Badinter et Najet Belkacem. Personne n’a soufflé mot sur ces mamelons épineux. Les sociétés européennes seraient elles encore pudibonde ? A moins qu’elles ne soient engoncées dans un choix compliquées qui n’est, pour la France, pas celui du gouvernement actuel, mais celui qui assurait la promotion du sauveur du monde libre ; voyez ce que cela a donné en Libye...

Madame Merkel devrait profiter pour glisser à l’oreille de Larayehd, une petite recommandation pour l’une de ses élues. A moins qu’elle aussi, n’apprécie pas les poitrines bien fermes des jeunes indisciplinées qui viennent déranger son déjeuner avec ce 1er sinistre qu’il est, à plus d’un titre.

Amina : les tunisiens doivent ils être secoués ?
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