Le coronavirus c'est quoi ?
11 mai 2013Sur le front des contaminations
Selon un communiqué du ministère de la santé dans la nuit de samedi à dimanche, trois des quatre personnes susceptibles d'avoir été contaminées par le coronavirus ne sont pas porteuses de la maladie, la quatrième devra subir des examens complémentaires.
Parmi les cent vingt personnes identifiées, trois, puis une quatrième dans la journée du 10 mai, présentaient des symptômes qui ont conduit à des prélèvements virologiques et à leur mise sous observation, en isolement, en service d'infectiologie.
Pour trois personnes, des résultats négatifs viennent d'être confirmés par le centre national de référence de l'Institut Pasteur, à Paris. Ces personnes bénéficieront, dans les jours qui viennent, d'un suivi adapté à leur état clinique.
Pour une personne, des examens complémentaires sont nécessaires. Il s'agit de la personne qui a partagé du 27 au 29 avril derniers la chambre du premier patient atteint d'une infection à coronavirus, au CH de Valenciennes. Cette personne est actuellement hospitalisée et isolée en service d'infectiologie au CHRU de Lille.
Vidéo : Le coronavirus il ne faut pas s'affoler
Qu'est-ce qu'un coronavirus ?
Les coronavirus forment un groupe de virus dont les premiers représentants ont été identifiés au milieu des années 1960. Leur nom vient des prolongements en forme de couronne situées à leur surface. Les virus du genre coronavirus provoquent des infections respiratoires chez l'homme et chez l'animal, ainsi que des atteintes gastro-entériques dans le cas de ce dernier. Ces infections sont de gravités très variables, selon le type de virus, puisqu'elles vont du simple rhume à des syndromes provoquant une détresse respiratoire et la mort.
Pourquoi parle-t-on de nouveau coronavirus (nCoV) ?
Il s'agit d'un virus qui était inconnu, aussi bien chez l'homme que chez l'animal, jusqu'à son identification dans un échantillon de crachat recueilli le 13 juin 2012 chez un malade hospitalisé à Djedda (Arabie saoudite). Son génome a été décrypté : il présente des caractéristiques génétiques différentes de tous les autres coronavirus.
Le nouveau coronavirus est-il proche de celui du SRAS ?
Les cinq coronavirus, dont celui responsable de l'épidémie de SRAS (SARS-CoV) qui avait infecté 8 000 personnes et fait 800 morts en 2002-2003, sont répartis en deux types : alpha et bêta. Comme celui du SRAS, le nCoV est un bêta coronavirus et comme lui, il est très proche de ceux que l'on peut trouver chez les chauves-souris. Les manifestations cliniques de l'infection sont similaires dans les deux cas. Cependant, l'analyse du matériel génétique du nCoV montre qu'il s'agit bien d'un virus différent de celui du SRAS.
D'où vient-il ?
Le nCoV dérive vraisemblablement d'un coronavirus détecté chez des chauves-souris à Hongkong, car c'est avec lui que son matériel génétique présente le plus de similitudes. Comme dans le cas du SRAS, il pourrait être parvenu jusqu'à l'homme par l'intermédiaire d'un autre animal, plus fréquemment au contact des humains.
Les premiers cas d'infection par le nCoV se sont produits en Jordanie en avril 2012 : deux cas confirmés ultérieurement par des examens de laboratoire et onze probables. Sur ces treize cas, dix sont survenus chez des personnels soignants. Puis, en juin 2012, le virus a été identifié et son génome séquencé chez le patient de Djedda. Le virus a par la suite été retrouvé chez des malades, au Royaume-Uni et en France, qui avaient séjourné dans la péninsule arabique. Des cas de transmission locale, confirmés ou suspectés, ont été signalés.
Combien de cas d'infections recense-t-on ?
A la date du 10 mai, trente-trois cas confirmés dans le monde de ce nouveau coronavirus ont été notifiés à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis septembre 2012 et dix-huit personnes en sont mortes, dont onze en Arabie Saoudite.
Quels sont les symptômes de l'infection ?
"Le principal symptôme réside dans des problèmes respiratoires, à savoir des essoufflements et des insuffisances respiratoires, qui peuvent s'aggraver en détresse respiratoire et conduire en soins intensifs", explique le professeur François Bricaire, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière. D'autres signes existent tels que de la fièvre, des toux et des insuffisances rénales. Une équipe anglaise a par ailleurs constaté une péricardite chez un patient – une inflammation du péricarde, la membrane entourant le cœur.
Ce virus est-il contagieux ?
Le nCoV est contagieux, puisqu'il a été transmis d'un individu à l'autre. "Il ne semble pour l'instant pas d'une extrême contagiosité, estime toutefois François Bricaire. Depuis un an, il n'a touché qu'une trentaine de personnes au Moyen-Orient et ne s'est pas étendu au-delà à quelques exceptions près. Il semble être contagieux en cas de contacts très proches, ce qui fait du personnel de santé la population la plus à risque." Au final, selon le médecin, "il n'y a pas de pandémie à craindre".
Quand serait-il justifié de consulter son médecin ?
Cela serait justifié, en l'état actuel des connaissances, en cas de symptômes d'infection respiratoire de modérée à sévère apparus dans les dix jours suivant un voyage dans la péninsule arabique ou les pays voisins ou après des contacts étroits avec une personne infectée par le nCoV. Un numéro vert (le 08 00 13 00 00) a été ouvert.
Existe-t-il un traitement ?
Il n'y a aucun traitement contre ce virus pour l'instant. Des chercheurs américains, utilisant des singes comme modèle de l'infection, ont pour l'instant démontré, sur des cultures de cellules, la capacité de deux antiviraux, la ribavirine et l'interféron-alpha 2b, à empêcher le virus de se reproduire. La démonstration reste à faire chez l'homme.
Peut-on voyager vers les pays où les premiers cas ont été recensés ?
L'OMS et les autorités nationales n'ont pas émis de restrictions aux voyages vers l'Arabie saoudite et les autres pays de la péninsule arabique ou la Jordanie.
Source lemonde.fr