Infographie.

A trois mois des élections européennes, le JDD dresse l’évolution de la moyenne des sondages. La liste de la majorité est aujourd’hui donnée favorite, devant le RN de Marine Le Pen.

Dans trois mois tout juste, les Français enverront à Strasbourg les 79 eurodéputés du pays. Et à l’heure actuelle, les sondages pour les élections européennes du 26 mai montrent que les candidats de la majorité seront les plus nombreux à y siéger. Quatre enquêtes publiées en l’espace d’une semaine montrent des résultats similaires : la liste rassemblant La République en marche et ses alliés, à commencer par le MoDem, a creusé l’écart sur son principal concurrent, le RN de Marine Le Pen, comme le montre notre infographie ci-dessus représentant l’évolution de la moyenne des sondages (pour les listes actuellement créditées d’au moins 2% des intentions de vote).

Comme lors de la présidentielle, le JDD compile l’intégralité de ces sondages - une vingtaine ont déjà été diffusés pour cette élection - et dressera tout au long de cette campagne leur "moyenne mobile", à partir des trois dernières enquêtes réalisées (en fonction de leur date de réalisation, et non pas de leur date de publication). Cette méthode permet de gommer les variations entre instituts tout en faisant ressortir les tendances en cours. Rappelons qu’un sondage n’a pas de caractère prédictif, il ne fait qu’évaluer les rapports de forces à un instant T. Les tendances auront donc largement de quoi évoluer d’ici à trois mois, à mesure que l’offre politique se précisera et que la campagne électorale s’intensifiera.

En attendant, voici les enseignements que l’on peut tirer aujourd’hui.

1 - En Marche fait le plein

Intentions de vote de la liste LREM-MoDem sur les trois derniers sondages (dans l’hypothèse d’une liste Gilets jaunes) : 22 à 25%.

Nombre de sièges à partir de la moyenne actuelle : 23.

Après avoir été rattrapée puis distancée par la liste soutenue par Marine Le Pen, en décembre au plein coeur de la crise des Gilets jaunes, la majorité a regagné du terrain ce mois-ci. Et il a creusé son avance sur le RN, entre trois et six points selon les enquêtes, même si les marges d’erreur peuvent se chevaucher. La République en marche et le MoDem resteraient donc au niveau du premier tour d’Emmanuel Macron en 2017 (24%), malgré la perdition attendue d’électeurs du fait de l’abstention qui s’annonce bien plus élevée pour ces européennes.

La raison de ces bons scores, les macronistes la doit à la faible dilution de son électorat, qui reste avec celui de Marine Le Pen le plus mobilisé, et la fidélité quasi-totale de sa base (population plus restreinte que son électorat global). L’enquête BVA publiée vendredi indiquait ainsi que 95% des sympathisants LREM choisiraient cette liste pour les européennes, là où ils sont 80% pour le RN. A noter que la liste LREM ne dispose toujours pas de chef de file...

2 - Le Rassemblement national de Marine Le Pen stagne

Intentions de vote de la liste RN sur les trois derniers sondages : 19 à 19,5%.

Nombre de sièges à partir de la moyenne actuelle : 19.

Le parti de Marine Le Pen - elle ne se présente pas pour ces européennes mais fait activement campagne - se repose sur son socle qui ne l’a quasiment jamais fait descendre sous les 17% d’intentions de vote. Mais le Rassemblement national ne connaît pas non plus de dynamique, contrairement à ce que laissait envisager l’embellie du mois de novembre. L’annonce du jeune élu Jordan Bardella comme tête de liste, en début d’année, n’a eu aucun effet.

Lire sur le JDD - Européennes : la campagne low cost de Marine Le Pen

En fait, la formation d’extrême droite a surtout été impactée par l’hypothèse d’une candidature des Gilets jaunes, à cette heure devenue très incertaine. Elle pouvait perdre jusqu’à trois points dans cette configuration, par rapport aux intentions de vote réalisées sans cette liste. Mais en dépit de l’effondrement de cette liste Gilets jaunes intervenu depuis, le RN n’a presque plus bougé. Et, avec ou sans Gilets, les enquêtes lui accordent maintenant quasiment le même résultat.

Voici tous les sondages sur les élections européennes publiés depuis mai 2018, classés en fonction de leur date de fin de réalisation (pour les listes actuellement créditées d’au moins 2% des intentions de vote) :

3 - La droite reprend le large sur Dupont-Aignan

Intentions de vote des listes de droite sur les trois derniers sondages : 10 à 12% pour LR, 5 à 6% pour DLF, 2 à 2,5% pour l’UDI.

Nombre de sièges à partir de la moyenne actuelle : 11 pour LR, 5 pour DLF.

La liste portée par Les Républicains reste à un niveau très bas, et pourrait même faire pire que le RPR de Nicolas Sarkozy lors des européennes de 1999 (12,82%). Mais le scénario catastrophe dessiné par une enquête d’Odoxa en décembre s’est éloigné : le parti de Laurent Wauquiez n’était alors plus donné qu’à 8% d’intentions de vote, presque à égalité avec son concurrent souverainiste Nicolas Dupont-Aignan.

Aujourd’hui, il ferait le double que la liste portée par le patron de Debout la France et quelques alliés à lui, qui resterait tout de même au-dessus du seuil des 5% nécessaires pour avoir des élus. A voir s'il y a là un (petit) effet François-Xavier Bellamy, le philosophe conservateur de Versailles pouvant capter un électorat proche du député de l’Essonne. Mais la consolation semble maigre pour l’actuelle 3e liste du scrutin, tant l’écart sur le duo de tête est grand, là où il composait encore un quatuor (avec les Insoumis) lors de la présidentielle de 2017.

Partie seule, l’UDI de Jean-Christophe Lagarde peine de son côté à repasser au-dessus de la barre des 3%, ce qui risque, en plus de ne lui donner aucun élu, de l’empêcher d’obtenir un remboursement de ses dépenses électorales.

4 - La gauche éclatée

Intentions de vote des listes issues de la gauche sur les trois derniers sondages : 8 à 9% pour EELV, 7,5 à 8% pour FI, 5 à 6% pour le PS, 3 à 5% pour Générations, 2% pour le PCF.

Nombre de sièges à partir de la moyenne actuelle : 8 pour EELV, 8 pour LFI, 5 pour le PS, aucun pour les autres.

C’est l’un des faits marquants de ce tout début de campagne électorale : la liste écologiste de Yannick Jadot fait jeu égal, voire devance celle des Insoumis, défendue par Jean-Luc Mélenchon et portée par Manon Aubry. Depuis fin janvier, EELV n’est plus descendu sous les 8%, quand FI a atteint les 7%, bien dérisoires par rapport aux 19,5% de la présidentielle de 2017 et même les 11% du premier tour des législatives.

Les sondages actuels reflètent surtout le morcellement de la gauche pour ces européennes, avec pas moins de 4 listes non-mélenchonistes pour l’heure déclarées (PS, EELV, Générations de Benoît Hamon, PCF). Toutes les initiatives en faveur d’une union de l’une ou l’autre de ces formations ont jusque-là échoué. Et ce malgré les nombreux appels au rassemblement formulés par communistes, socialistes, hamonistes ou les fondateurs du mouvement citoyen Place publique.

Le nombre de sièges par liste, calculés à partir de la moyenne actuelle des sondages : 

5 - Les Gilets jaunes en perdition

Intentions de vote d’une liste Gilets jaunes sur les trois derniers sondages : 3 à 4,5%. Aucun siège.

C’est la principale incertitude de l’offre politique qui se présentera aux électeurs le 26 mai prochain : y aura-t-il une liste estampillée "Gilets jaunes" sur les bulletins de vote, ou même plusieurs? Les instituts de sondage se préparent en tout cas à cette éventualité depuis le mois de décembre, en testant une liste théorique issue du mouvement social, sans l’associer à aucune personnalité précise. Résultat : créditée d’entrée de 8% des voix, et même de 13% dans une enquête Elabe, elle s’est effondrée depuis.

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce recul, comme une forme de lassitude de l’opinion à l’égard de cette mobilisation, ce que montrent aussi d’autres sondages sur le sujet. Mais aussi les divisions persistantes au sein de ce mouvement. L’explosion de la liste RIC, qui était jusque-là la traduction la plus concrète des Gilets jaunes voulant faire de la politique, en est le meilleur exemple.

Lire sur le JDD - Européennes : pourquoi la liste des Gilets jaunes a explosé en vol

A noter que d’autres listes, rarement créditées de plus de 2% d’intentions de vote, sont testées dans les enquêtes : les deux d’extrême gauche, de Lutte ouvrière et du NPA, ou celles sur un créneau souverainiste conduites par l’ex-député Jean Lassalle, Les Patriotes de Florian Philippot et l’UPR de François Asselineau. D’autres listes moins visibles se sont déjà manifestées et doivent encore se qualifier. La date limite pour le dépôt des candidatures est fixée au 3 mai.

Retour à l'accueil