« Interdiction des potagers privés », cette brève publiée par le Kiosque aux Canards a fait un buzz, plusieurs dizaines de milliers de lecteurs en quelques jours. Des commentaires de lecteurs inquiets, aux commentaires accusant le Kiosque d'effrayer « pour rien » les internautes, la rédaction a joué son rôle d'alerte en publiant cette brève. A l'occasion de « La première Semaine des Semences Paysannes » qui aura lieu du 8 au 15 septembre 2013 partout en France, le Canard en profite pour rebondir sur le sujet.

10 mesures pour que vivent les semences paysannes

Après avoir été mises à mal par plusieurs décennies d’industrialisation et de spécialisation de l'agriculture, les semences paysannes sont aujourd'hui menacées d'interdictions définitive par de nouvelles évolutions réglementaires françaises et européennes. C'est pourquoi les organisations regroupées au sein du collectif « Semons la biodiversité » ont décidé d'alerter les citoyens et les élus afin d'obtenir l'application de 10 mesures indispensables pour assurer la préservation et le renouvellement de la biodiversité cultivée. Parce qu’ils n’ont pas le droit d’en échanger les semences et les plants, les paysans ont de plus en plus de mal à cultiver les savoureuses variétés anciennes ou de terroir, ou celles qu’ils mettent au point pour se passer de pesticides. Les consommateurs se trouvent ainsi la plupart du temps face à des légumes, fruits, céréales et autres aliments issus de variétés standards, de plus en plus insipides, déséquilibrés et souvent chargés de résidus de pesticides.

La réglementation, telle qu’elle s’applique en France, interdit aux paysans d’échanger, de donner ou de diffuser leurs propres semences et plants. Un agriculteur ne peut diffuser ou échanger des semences ou des plants que si la variété est inscrite sur le « catalogue officiel ».

Or, cette inscription, outre un coût élevé inaccessible pour un paysan, exige de la part des variétés concernées une uniformité et des caractéristiques techniques qui ne sont pas adaptées à la diversité des terroirs ni aux modes de production écologiques. Ces contraintes s¹opposent à l’indispensable préservation de la biodiversité.

Certes, une liste réduite dite « amateur » permet la diffusion de quelques variétés anciennes de potagères et fruitières mais à condition qu'elles ne soient cultivées que pour la propre consommation du jardinier, sans aucune vente possible de la récolte et cela pourrait changer avec la nouvelle proposition de la commission européenne, objet de notre brève « Interdiction des potagers privés ».
Les grands groupes agroalimentaires, les semenciers et pépiniéristes industriels préfèrent multiplier leurs quelques variétés sélectionnées pour les besoins d¹une agriculture industrielle, et sanitairement douteuse, de plus en plus dépendante de la chimie. Ce sont souvent des hybrides dont le paysan ne peut pas ressemer la récolte, demain ce seront les OGM ou pire. 

Les variétés paysannes, traditionnelles ou de terroir, pourtant mieux adaptées aux conditions spécifiques et locales de culture, ne les intéressent pas.
Les consommateurs ont de moins en moins accès aux fruits, aux légumes ou aux céréales issus de cette biodiversité. On leur impose à leur insu des variétés sélectionnées d’abord pour leur stockage dans les supermarchés et pour les transformations industrielles.
Il est urgent de changer cette réglementation qui détruit la biodiversité des espèces cultivées et concentre la production et la consommation autour de quelques variétés industrielles standards.

La Semaine des Semences Paysannes

Alors qu'on les croyait disparues, les semences paysannes bourgeonnent à nouveaux depuis dix ans dans de très nombreux champs et jardins français. Malheureusement, de nouvelles évolutions réglementaires menacent cette renaissance (1). Le Réseau Semences Paysannes, ses membres et ses partenaires se mobilisent lors de cette Semaine des Semences Paysannes pour faire découvrir leurs actions et rendre visible les initiatives locales paysannes, jardinières et citoyennes qui se développent partout en France pour faire vivre les semences paysannes. Ceci afin de sensibiliser le public et les médias sur la nécessité de se mobiliser pour cultiver la biodiversité et défendre les droits des paysans, des jardiniers et des artisans semenciers de sélectionner, reproduire, échanger et vendre leurs semences. 

Le Réseau Semences Paysannes est un réseau constitué de plus de soixante-dix organisations, toutes impliquées dans des initiatives de promotion et de défense de la biodiversité cultivée et des savoir-faire associés. A cette occasion, le Réseau Semences Paysannes s'associe au collectif « Semons la biodiversité » (2) pour interpeller les élus et leur proposer 10 mesures indispensables pour que vivent les semences paysannes afin que nous puissions transmettre aux générations futures la possibilité de choisir et de produire leur nourriture.

Cette initiative s'inscrit également dans une panoplie d'actions organisées partout en France et tout au long de l'année par les membres du Réseau Semences Paysannes à l'occasion de ses dix ans (3).

Tout le monde n'est pas concerné par les semences. Si !

Vous voulez continuer à consommer de la M..., alors allez-y, mais le Kiosque vous a déjà évoqué dans divers articles, un mode de consommation alternatif, via les AMAP par exemple. Défendre et s'intéresser aux semences indigènes, paysannes, c'est aussi contrôler la qualité future de votre alimentation et celle de vos enfants ou petits-enfants. Malheureusement l'Union Européenne a une vision libérale et productiviste en ce qui concerne notre alimentation : aller au moins cher, pour un maximum de risque sanitaire et surtout de meilleurs profits pour de grands groupes comme Monsento, Limagrain etc. Ce problème, de semences, de brevets industriels sur les légumes et fruitiers, est le vôtre. L'agriculture 2.0 même 3.0 est en marche et seuls les changements de mode de consommation et le refus de la « stéréotypisation » de l'agriculture pourra l'enrayer.

Nous sommes entrés dans l'ère de l’ « eugénisme agricole », à nous de la laisser au bord du chemin de l'évolution. Leur idéal ne doit pas être le nôtre.

Notes :

  • (1) : De nombreux rendez-vous sont à l'agenda législatif et réglementaire de la rentrée : décrets d'application de la loi COV de 2011 destinée à interdire les semences de ferme ou à les taxer au profit des entreprises semencières ; Loi d'Avenir Agricole qui peut soit interdire, soit faciliter les échanges de semences entre agriculteurs et la commercialisation de semences de variétés paysannes; discussion par le parlement européen de la proposition de nouveau règlement sur les semences ; rapport parlementaire français sur la brevetabilité des espèces végétales, préalable au vote sur le brevet unitaire européen ; initiative européenne de No patents on seeds contre les brevets sur les semences, les plantes et les parties de plantes; renouvellement ou non du moratoire sur la culture de l'OGM MON 810....
  • (2) : www.semonslabiodiversite.com
  • (3) : Agenda en ligne sur www.semencespaysannes.org/retrouvez_les_evenements_pres_de_chez_vous_494.php

Vous lirez peut-être aussi...
Le Réseau Semences Paysannes est un réseau constitué de plus de soixante-dix organisations, toutes impliquées dans des initiatives de promotion et de défense de la biodiversité

Réseau Semences Paysannes

Le Réseau Semences Paysannes est un réseau constitué de plus de soixante-dix organisations, toutes impliquées dans des initiatives de promotion et de défense de la biodiversité cultivée et des savoir-faire associés. Outre la coordination et la consolidation des initiatives locales, le Réseau Semences Paysannes travaille à la promotion de modes de gestion collectifs et de protection des semences paysannes, ainsi qu'à la reconnaissance scientifique et juridique des pratiques paysannes de production et d'échange de semences et de plants.

Biodiversité, «Que vivent les semences paysannes.»
Retour à l'accueil